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De l’hydratation

L’importance de l’hydratation est largement surestimée dans le milieu de la course à pied. S’hydrater lors d’une sortie, et ce, quelle que soit la distance à parcourir, semble être une précaution quasi vitale pour plusieurs coureurs, un acte dont l’omission pourrait mettre la vie en danger, une obsession qui trouve sa matérialisation dans les ceintures porte-bouteilles.

Personnellement, j’ai une conception de l’hydratation qui se situe à l’extrême opposé : je ne transporte de l’eau qu’en cas d’absolue nécessité. En d’autres termes, presque jamais. En fait, je considère la capacité à courir sans boire comme une habileté, une habileté susceptible d’être améliorée, tout comme un coureur peut progresser et courir plus vite ou plus longtemps.

Cette conception de l’hydratation est le fruit d’une expérimentation, démarche dans laquelle je me suis engagé après avoir commis une « erreur », il y a quelques années.

J’avais quitté la maison pour effectuer un entraînement de 15, 20 kilomètres, mais j’avais sous-estimé la distance du trajet. Lorsque je suis rentré, j’avais parcouru tout près de 26 kilomètres sans avaler une seule goutte d’eau, n’ayant rien emporté à boire avec moi et n’ayant pas trouvé de fontaine à eau sur le chemin. Il s’agissait alors de la plus longue distance que j’avais parcourue à la course sans boire.

À l’époque, l’hydratation était un aspect qui me préoccupait. Par exemple, désireux de boire la quantité exacte d’eau dont j’avais « besoin » lorsque je croisais des fontaines au cours d’une séance, j’avais mesuré la quantité d’eau qui correspondait, ai-je écrit dans mon carnet de course, à une « bonne gorgée », soit, « ni trop grosse, mais assez grosse ». Ce test m’avait conduit à la conclusion suivante : je devais boire environ 10 de ces gorgées aux 20 minutes.

Au sujet de l’entraînement où j’avais erré en estimant la distance à parcourir, mon carnet raconte que la séance a été pénible. Vents forts et jambes récalcitrantes étaient en cause. Mais ce que mon subconscient a surtout retenu de cette sortie était le constat suivant : j’étais capable de faire de longues sorties sans m’hydrater.

Voilà comment je me suis lancé, quelque temps plus tard, dans ce qu’il conviendrait d’appeler une expérimentation. Rien de très scientifique, ni de très poussé toutefois. Simplement, je voulais savoir combien de temps, combien de kilomètres je pouvais « tenir » sans boire. J’étais mû par la curiosité, mais aussi par la nécessité : l’hiver approchait, les fontaines dans les parcs étaient fermées, et, tenant fermement à courir le plus « léger » possible, j’étais absolument hostile à l’idée de transporter 500 ml, voire un litre d’eau, pour effectuer mes longues sorties.

Mon expérimentation m’a permis de constater que je pouvais courir sans encombre une trentaine de kilomètres sans boire, distance qui est demeurée ma « norme » personnelle pendant un moment.

Puis, récemment, je me suis « risqué » à faire une sortie de 40 kilomètres sans boire. Le lendemain, j’ai surenchéri : 46 kilomètres. Dimanche dernier, j’ai poussé l’expérimentation un peu plus loin. Résultat : j’ai couru 50 kilomètres sans avaler une seule goutte d’eau!

Oui, j’ai eu soif pendant les derniers kilomètres. Non, je n’ai pas eu peur de perdre la vie, et non, ma performance n’a pas été altérée; j’ai même allongé le pas pendant les 20 derniers kilomètres pour descendre sous la barre des 6 minutes au kilomètre.

Les fontaines dans les parcs sont maintenant fermées… L’hiver approche à grands pas… Pour les coureurs qui aiment courir le plus léger possible, l’eau et les boissons énergétiques sont lourdes… De plus, par temps froid, elles gèlent si elles ne sont pas bues assez rapidement… Je sais d’expérience!

Et vous, quelle distance êtes-vous capable de courir sans boire?